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Annie Dreuille
20 novembre 2010

La Voix du Midi

PARU DANS LA VOIX DU MIDI

MASSACRES D'INNOCENTS

 

A Bagdad, la veille de Toussaint une atroce tuerie a frappé des chrétiens assemblés pour la messe. Les victimes tombées sous les coups d’extrémistes qui justifient leurs crimes le Coran à la main, sont de simples fidèles, des femmes, des enfants, des civils innocents !... Les évêques d’Irak tout juste revenus d’un Synode empreint d’esprit de paix, de coopération, de soutien mutuel, d’amour de leur pays en sont bouleversés. Ils nous lancent un appel :

Notre Calvaire est lourd et il nous paraît long. Le carnage qui a eu lieu à la cathédrale Notre Dame du Perpétuel Secours de Bagdad, avec 58 morts, parmi lesquels deux jeunes prêtres et 67 blessés dont un prêtre, nous a profondément secoués.

Nous le sommes avec eux au degré de l’amour qui nous lie à des frères. Et cette atrocité nous afflige d’autant qu’elle s’ajoute à d’autres qui jalonnent l’Histoire. Ne perdons pas mémoire de cette liste honteuse ouverte sous le signe d'un massacre d'enfants commandé par Hérode. D'autant que les chrétiens ne furent pas toujours du côté des victimes ! Témoins ceux qui, croisés, massacrèrent  leurs frères de Constantinople. La Saint Barthélémy et tant d’équivalents s’ajoutent à ces méfaits et aux atrocités commises au cours de guerres, d’invasions, de génocides avec, si près de nous, la Shoah monstrueuse, le glas d’Hiroshima, celui des Twin Towers .... Comment donc espérer la fin de tels malheurs ? La puissance effarante des armements modernes les amplifient sans cesse. D'autres violences encore, persécutent aussi des millions d'innocents. Elles font moins de bruit mais maltraitent et tuent en semant l’injustice, la faim et la misère sur les plus démunis. Comment ne pas baisser  les bras ? Il ne s’agit surtout pas de diluer l’horreur des attentats du jour dans celles l’Histoire mais de rester lucide sur ce dont est capable la violence des hommes, violence absurde rendue encore plus féroce parce qu'elle a frappé des gens sans défense rassemblés dans la maison de Dieu, qui est une maison d'amour et de réconciliation[1].

Mais pourquoi ? Pourquoi ces malheurs dont nous savons hélas qu’ils se répèteront, en Irak ou ailleurs ?

Des raisons sont connues : la stupidité coupable d'une intervention militaire mensongère soit-disant motivée par l’existence d'armes de destruction massives, introuvables ! La lutte contre Al Qaïda et Ben Laden, insaisissables ! La volonté de remplacer la dictature locale par une démocratie, improbable ! Avec en sous main une volonté hégémonique, le soutien aux industries d’armements et le veau d'or du pétrole plus que jamais debout. Le mal est là, pernicieux et tenace, nourri à la finance, habillé des clinquants de la modernité. Des haines antagonistes grandissent et se propagent, broyant sous leur pressoir quantité d’innocents, étouffant au départ les efforts pour la paix.

Et pourtant le message qui nous est adressé ne baisse pas la garde. Il nous touche au cœur :

Nous perdons la patience, mais nous ne perdons pas la foi et l'espérance. Cet événement d'une telle ampleur qui se produit juste après la tenue du Synode nous choque encore plus. Ce dont nous avons besoin c'est de votre prière et de votre soutien fraternel et moral. Votre amitié nous encourage à rester sur notre terre, à persévérer et à espérer.

Sans cela nous nous sentons seuls et isolés.

Nous avons besoin de votre compassion face à tout ce qui vient toucher la vie des innocents, chrétiens et musulmans. Restez avec nous, restez avec nous jusqu'à ce que soit passé le fléau.

Que le Seigneur nous protège tous.

 

Réagissons en frères !

Michel Dagras

 



[1]             Réaction de Benoît XVI à l 'annonce du drame.

 

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